Antoine de la Garanderie

(1920-2010)

Enseignant émérite, philosophe et pédagogue, Antoine de la Garanderie a voué sa vie à chercher à rendre à chacun « l’accès à l’aptitude de sentir que l’on sent »…

Étudiant à Rennes, il travaille sous la direction d’Albert Burloud, directeur du laboratoire de psychologie expérimentale de l’Université Rennes 2. Docteur en philosophie, il appuie ses recherches sur les écrits des grands philosophes : Platon, Socrate, Saint Thomas d’Aquin, Spinoza, Heidegger, Husserl.

Il enseigne en classes préparatoires aux grandes écoles, observe que quelle que soit la discipline, les élèves tiennent toujours les mêmes discours sur leurs difficultés. Handicapé par la surdité, il s’interroge sur l’acte d’apprentissage. Il mène avec ses élèves de prépas ses premiers dialogues pédagogiques et estime que le problème de l’apprentissage dépasse la simple recherche d’une méthode de travail : il débute là ses travaux et n’achèvera jamais de dialoguer avec les jeunes apprenants.

Plus tard, Antoine de La Garanderie établit son approche pédagogique selon les principes de la phénoménologie. À l’Université Catholique de l’Ouest d’Angers, il travaille avec Jean Paul Gaté dans le but de proposer « une description phénoménologique de la situation mentale ».

Il contribue à la fondation de plusieurs instituts de formation : l’Institut Supérieur de Pédagogie qu’il dirige plusieurs années, les MAFPEN, CAP un centre d’aide pédagogique, CAP Recherche et le premier Initiative et Formation Paris Ouest, l’Institut International de Gestion Mentale qui a pour vocation d’organiser des colloques et de rassembler les praticiens et chercheurs.

Antoine de la Garanderie a contribué à former des enseignants qui ont pu modifier leurs pratiques, regarder leurs élèves autrement ; plus encore, il leur a donné les outils qui permettent d’identifier plus finement leurs difficultés d’apprentissage et les moyens de les accompagner pour les éclairer.

Ainsi, sa pédagogie de la Gestion Mentale est une rencontre : une rencontre avec l’autre, une rencontre avec soi-même aussi, une rencontre avec sa relation au monde. A la base de sa pédagogie, la croyance aux valeurs d’éducabilité et de perfectibilité de la personne ainsi qu’à sa « responsabilité pédagogique » : notre vie mentale nous appartient, c’est l’expression de notre plus grande liberté et la mise-en-œuvre de ce qui fait sens pour nous. Il compare le métier du pédagogue en gestion mentale avec celui de l’ « orthopédagogue », qui éclaire l’apprenant sur des questions purement pédagogiques. Sa pratique requiert une éthique qui, selon lui, ne peut être séparée de la pédagogie : la solidarité dans l’acceptation de l’autre, le climat de vérité, la volonté de justice, l’exigence de liberté, le concours d’une certaine autorité, sous forme d’esprit critique et non d’impératifs, une relation clarifiée pour une pédagogie dans l’entraide et le refus d’un certain malthusianisme.

Antoine de la Garanderie promeut le respect de chacun et le développement des moyens de la liberté. La pédagogie, selon lui, n’exige pas, ne décrète pas, ne demande ni obéissance ni soumission, mais suit, en se modulant sur « les initiatives, les recherches, les efforts, afin de les encourager, les éclairer, et les soutenir ». Ainsi, grâce aux outils qu’il nous a transmis, le pédagogue peut rendre de l’intelligibilité à l’acte d’apprendre dans une « intelligence de la relation, sésame de la pédagogie »…

Dans la postface de Vocabulaire de la Gestion Mentale, Antoine de La Garanderie précise le sens de son travail, il resitue sa démarche dans la recherche d’un instrument introspectif « Pour que toute conscience d’être humain en situation d’avoir à connaître quelque chose pour le faire sien, pour le conserver, pour en approfondir la teneur, pour le modifier… soit mise en mesure de réussir parce que lui auront été fournis les renseignements voulus pour que la conscience soit mise en projet de sens. »

Ses nombreux ouvrages, et ceux publiés par d’autres chercheurs, témoignent de la vigueur de sa pensée (Cf. bibliographie).

Rédigé par Virginie BATTÉ DEVIGNE